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Sauveterre, agir ensemble.
8 décembre 2013

Abbayes laïques, patrimoine de la sénéchaussée de Sauveterre

Dans la continuité de notre démarche, nous continuons à faire l’inventaire de nos trésors patrimoniaux qui font partie des atouts exceptionnels de notre territoire. Les abbayes laïques en font partie car elles constituent une exception géographique limitée aux régions du Béarn et de la Bigorre avec une légère extension vers les régions périphériques du pays basque et des Landes, notamment.

Si l’on suit les archives départementales de Pau, on est capable de reconstituer notre environnement d’abbayes laïques aux XVIe et XVIIe siècles, celles-ci ayant fonctionné comme telles jusqu’à la veille de la Révolution.

Mais, me direz-vous, qu’est-ce précisément qu’une abbaye laïque ? Eh bien, comme son nom l’indique, il s’agit d’un ensemble religieux à la tête de laquelle, on trouve un abbé qui en est l’administrateur « laïque » et qui n’est ni religieux ni prêtre. C’est lui qui gère les églises sur le plan matériel et qui touche l’impôt ecclésiastique, à savoir la dîme. Il bénéficie en outre d’un certain nombre de privilèges. Cette charge et ces privilèges se transmettent par héritage et peuvent passer dans une autre famille par le rachat de l’abbaye.

Ainsi, à travers les archives, on peut suivre l’évolution de l’abbaye de Sunarthe : en 1536, elle appartient à Gaston de Sunarthe, puis elle passe à Pierre de Lauga, bourgeois de Sauveterre, ensuite c’est la famille de Lasalle, Raymond, Jean et Suzanne, habitants d’Oloron, qui la possèdent collectivement et enfin, à partir de 1666, elle est reprise par  Arnaud de Casse qui la transmettra à son fils Jean, et ainsi de suite jusqu’à la Révolution où les abbayes laïques, qui participaient du système féodal, disparaitront en même temps que lui.

 

L’origine de ce phénomène n’est pas précisément connue à ce jour mais, cependant, il est généralement admis que cela remonte au moins à l’époque de Charlemagne.

Dans la pratique, à quoi cela correspondait-il, me direz-vous ? Eh bien, j’oserais dire que cela participait avant la lettre à une forme de décentralisation administrative et fiscale. En effet, la collecte de la dîme, au lieu de remonter au niveau des évêques ou des grandes abbayes « religieuses », restait sous le contrôle de l’abbé laïque qui, a priori, l’utilisait localement, notamment pour faire fonctionner la paroisse qui, en même temps, jouait le rôle d’une commune villageoise moderne. Par ailleurs, l’abbé jouait un rôle aussi important que celui de l’évêque d’Oloron, dans la nomination du curé (religieux donc) de la paroisse.

 

Concrètement, la description d’une abbaye, Sunarthe par exemple, se décline ainsi : « Possède la dîme et jus patrönat dudit lieu de Sunarthe et droit dépendant à la cure et de la première place en l’église en toutes cérémonies et pour la sépulture, tout ainsi et en la même forme que les autres abbés laïcs du présent pays. »

« Consiste ladite charge en la maison abbatiale, basse-cour, écuries, pressoir, granges, place appelée l’abbaye de Sunarthe, jardin et hautin, …, prairies et terres labourables tout en un tenant situé audit lieu de Sunarthe, confronte du côté d’orient avec l’église, cimetière… »

Des femmes pouvaient en être abbesses. C’est le cas, en partie, de Suzanne de Lassalle pour Sunarthe, vers 1650, et c’est aussi le cas pour Isabeau de Baillenx, à Andrein, qui, vers 1670, détenait à la fois le château et l’abbaye laïque. Il est d’ailleurs dit que « les ancêtres d’Isabeau tenaient de tout temps le château et l’abbaye ».

A Munein, également, l’abbaye qui n’a laissé aucune trace à ce jour, était détenue par Marie, épouse de Gaillard de Carresse. Elle était « maîtresse propriétaire de la maison noble et abbatiale de Munein », en 1538.

Sauveterre ayant un autre statut administratif et religieux n’était pas organisé en abbaye laïque mais, on peut dire que la plupart des villages environnants rentraient dans ce cadre :

A Burgaronne, ce sont des serfs qui s’étaient enrichis, les Lajusan, qui rachetèrent l’abbaye et eurent ainsi le statut de « nobles » avec entrée et voix délibérative aux Etats Généraux de Béarn.

Ainsi, on peut donc citer avec certitude l’existence d’abbayes laïques à Orion, Saint-Gladie, Parenties, Munein, Usquain, Rivehaute, Espiute, Abitain, en plus de Sunarthe, Burgaronne et Andrein.

Aujourd’hui encore, la plupart de ces églises, avec leurs cimetières qui sont inséparables, témoignent de cette histoire locale. Les maisons abbatiales ont souvent été remaniées, parfois elles ont disparu. Cependant, l’ensemble qui demeure reste prestigieux et doit participer sans équivoque à notre label « Pays d’art et d’histoire » que nous pouvons afficher fièrement à l’entrée de nos villages. Voilà quelque chose qui peut alimenter une politique dynamique du tourisme source d’emplois et de services et qui peut avoir un impact non seulement sur Sauveterre mais aussi sur toute la communauté des communes environnantes.

 

Alain Bourrez

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