ZAC du Vieux Lavoir, un cœur de ville en danger ?

Le 24 février 2010, Sud-Ouest titrait à propos de la « ZAC du Vieux Lavoir » : «Sauveterre attend un nouveau cœur » et, dans la foulée, notre petit journal avait tenté de faire le point sur ce projet, l’un des plus importants pour l’avenir de notre ville en termes de services aux populations locales.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Si l’on résume le projet initial, il y avait trois objectifs principaux : la réalisation d’une maison de Santé, celle d’une nouvelle poste et d’une perception et la mise sur pied d’un programme de 19 maisons individuelles qualifiées « d’habitat mixte ». A ces objectifs, on ajoutait un peu pompeusement un « grand jardin public », une aire de jeux pour les enfants et un espace de « commerces et autres activités ». C’est le programme qui apparaissait en fin 2009 après des années d’études et de coûteuses réflexions sur ce que l’on appelait en 2002 le « projet petite ville », à l’emplacement du quartier des abattoirs.

Aujourd’hui, tout le monde peut voir le cadre dans lequel aurait dû sortir de terre le projet prévu. En effet, les travaux de terrassement et les plantations font apparaître le  dessin des routes et des espaces verts ce qui, plan à l’appui, permet de bien situer les constructions envisagées. Mais où sont donc ces constructions et quelle est le planning envisagé ? On en parle peu et pourtant de nombreuses réunions se sont tenues avec les « clients » potentiels : médecins, pharmaciens, kinés, responsable de la poste, sans oublier de possibles propriétaires de logements à créer.

Nous avons interrogé quelques acteurs  pour vous en donner un aperçu mais, gageons que la municipalité communiquera plus largement sur le sujet. Ce que nous pouvons dire aujourd’hui, c’est que l’objectif de la municipalité et du président de la Communauté de communes (CdC), Jean Labour, était d’en faire une opération financièrement équilibrée : on empruntait à long terme pour réaliser les infrastructures et bâtiments à caractère collectif et on récupérait l’argent des emprunts par la vente de terrains à bâtir et par les locations de maisons de services, les usagers devant s’engager sur des durées comparables à celles des emprunts, soit 15 à 20 ans. L’approche était louable mais était-elle réaliste ?...

Tout d’abord, une réunion s’est tenue début 2012 pour présenter le projet aux propriétaires potentiels des 19 petites maisons. Deux problèmes importants sont apparus : les terrains dont la viabilisation a été coûteuse sont vendus à des prix hauts de gamme, avec de grandes contraintes de construction liées au cœur de ville et surtout pratiquement pas de maison de plain pied. Or la clientèle principale correspondrait plutôt à des personnes retraitées dont le souhait est de vivre sur un seul niveau de construction et à proximité des commerces !!! Cela tombe mal car le seul commerce alimentaire de proximité, « Utile », vient de fermer ses portes et le moins que l’on puisse dire c’est que le premier magistrat de Sauveterre n’a rien fait pour aider à conserver un tel commerce dans la ville.

Bref, en conclusion de cette réunion, on peut dire que les réactions dans la salle furent alors franchement négatives : « … si c’est comme cela, nous irons voir ailleurs… »

Parlons maintenant de la Poste. Aujourd’hui, société à caractère privé, elle ne veut s’engager sur le très long terme que dans quelques domaines bien précis mais sûrement pas dans le cadre de la location d’immeuble. A Sauveterre, elle semblait prête à accepter une location sur 9 ans mais ceci ne convenait pas à l’équilibre financier du projet tel qu’imaginé par le maître d’ouvrage. Il semble donc que la Poste ne viendra pas sur la ZAC.

Enfin, le cœur du projet consistait en la mise sur pied d’une maison de santé pluridisciplinaire avec médecins, kiné, infirmière et pharmacie. L’objectif du Président de la communauté de communes, Jean Labour, était de réaliser une maison de santé plutôt haut de gamme et d’obtenir un équilibre financier parfait en espérant des subventions et en imposant des loyers également « haut de gamme » aux différents praticiens, ce que ceux-ci ont refusé. Cependant, ils ont fait une contreproposition en réduisant l’ambition de la maison de santé pour réduire aussi les loyers. Ceci semble refusé par le Président pour l’instant. Une situation de blocage s’est donc installée. Va-t-elle durer ?

En tout cas, le bilan provisoire d’avancement de la ZAC n’est pas brillant et on peut aussi se demander pourquoi avoir réalisé si tôt la viabilisation des terrains et les travaux de génie civil, sachant que la faisabilité des différents projets n’était pas établie : pour l’instant, aucun des projets n’est vraiment sur les rails et, si l’on voulait revoir la copie, il faudrait tout casser. Alors, comment terminer en beauté un projet affiché comme majeur par la municipalité ? Pour l’instant, nous n’en connaissons pas la réponse mais nous ne manquerons pas de vous informer de la suite.

Cependant, à l’occasion de la réunion du conseil de la Communauté de Commune (CdC) du 16 novembre dernier, le sujet était inscrit à l’ordre du jour officiel, sous la rubrique « Maison de Santé Pluridisciplinaire et Poste ; point sur les dossiers ». Curieusement, le compte-rendu officiel affiché à la maison de la CdC n’évoque pas du tout le sujet ; or, nos informations nous permettent de dire que le sujet a bien été débattu. Cette lacune dans le compte-rendu est inquiétante sur le plan légal et plus encore quant à la volonté d’informer la population sur la réalité de la situation.

Au moment des élections de 2008, on avait déjà beaucoup promis sur la zone industrielle prévue au rond-point d’Intermarché et un panneau KDCOL nous faisait déjà rêver d’un conte de fée pour l’emploi à Sauveterre.

Souhaitons que la ZAC du Vieux Lavoir ne soit pas un nouveau « cas d’école ».

Alain Bourrez